Le paysage


Henri Le Sidaner. Le Pont, Pont-Aven, 1913. Huile sur panneau, 24 x 25 cm. Singer Museum © Singer Laren

Sans atteindre les qualités d’éclat et de fraîcheur de leurs illustres prédécesseurs, c’est peut-être dans l’art du paysage que les artistes de la Société nouvelle exprimèrent le mieux leur personnalité. Les motifs de leur début de carrière, encore sous l’influence diffuse du symbolisme, revêtaient volontiers la grisaille d’un crépuscule ou le manteau d’un clair de lune. Aussi, leurs paysages pensifs gardèrent en eux une part de rêverie et furent considérés par les observateurs comme des « paysages d’âme ».
Mais rapidement, ces peintres voyageurs s’attachèrent à rendre une transcription plus vive du quotidien. S’inscrivant dans la tradition, ils respectèrent la prédominance du dessin et des valeurs sur la couleur et tirèrent leurs effets des oppositions de clair et de sombre. La saison des vernissages terminée, dès les premiers beaux jours, chacun repartait vers son lieu de retraite, faire sa moisson de peintures estivales. Après un été passé à travailler, à jardiner et à profiter de leur famille, dès que se profilaient le mois d’octobre et son cortège de nuances automnales si avantageuses, nos artistes retrouvaient leur vie de nomade. La quête des motifs destinés aux Salons du printemps les conduisait volontiers vers les hauts lieux de la Belle Epoque : la Riviera, l’Espagne, le lac Majeur, Venise…