Au service de l’histoire : allégories et fantaisies


Henri Martin. Bergers et ses trois muses, 1900. Huile sur toile, 65 x 81 cm. Musée de Cahors Henri Martin

On pourrait imaginer que cette génération de peintres attachés à l’intimisme a négligé la peinture d’histoire et les grandes compositions monumentales. Il n’en est rien et, sous l’influence conjointe de Puvis de Chavannes et de l’intérêt de la Troisième République pour les décorations murales civiles, certains de nos artistes ont excellé dans ce registre. L’un des plus doués, Henri Martin, a ainsi répondu à de nombreuses commandes pour imaginer des décors où s’exerce son sens inné de la représentation allégorique. De Marseille à Toulouse en passant par Cahors, travaux des champs ou travaux des villes prennent avec ses pinceaux un relief intemporel qui impose cette vision idéalisée. Son art s’exprime avec la même acuité lorsqu’il s’agit d’imposer une figure abstraite comme celle de la Justice, magnifique interprétation d’un concept universel. D’autres artistes comme Aman-Jean, Carrière, Besnard ou Desvallières ont pratiqué avec bonheur cet exercice exigeant du grand décor et du recours à la peinture d’histoire. Toutefois, le plus original dans cette approche demeure sans aucun doute Gaston La Touche. Qu’il traite de l’histoire sacrée avec l’Enfant prodigue ou de l’allégorie mythologique comme dans L’Aube, son inventivité débridée et souvent inclassable transforme ces sujets bien connus en visions inoubliables d’un monde enchanteur.