Le portrait


Edmond-Aman-Jean. Rêverie. 1917. Huile sur panneau, 55 x 38 cm. Coll Yann Farinaux-Le Sidaner

Les peintres intimistes de la Belle Epoque s’imposèrent naturellement comme des peintres de figures de premier plan et sans doute furent-ils les derniers grands portraitistes psychologiques. Leurs aînés, les maîtres de l’impressionnisme, qui restent parmi les plus grands paysagistes de l’histoire de la peinture, avaient connu moins de réussite dans le domaine si fragile de l’intrusion psychologique. « Les séances de portrait sont épuisantes, confessait Jacques-Émile Blanche, si l’on n’a pas le goût de la conversation ou si les gens vous importunent par leur présence. » La profonde culture de ces peintres donnait en outre charme et fantaisie à leurs conversations et rendait des plus agréables les séances de pose. Tout en demandant au modèle de se mouvoir à leur aise, afin de saisir l’expression qui resterait sur la toile, on s’inquiétait de ses goûts, de ses amitiés, de ses sentiments : « Arracher le secret d’une âme quelle qu’elle soit, se demandait encore Jacques-Emile Blanche, en observant ou écoutant le modèle, n’est-ce pas l’enivrement du psychologue, du moraliste, comme du peintre de portraits ? » Et l’artiste de conclure : « Ce que nous attendons d’un portrait, c’est la vie. »